Choquequirao, le trek ultime

On va finir par croire que nous sommes atteints du syndrome de Stockholm. Nous sommes maintenant au Pérou depuis 8 mois et nous ne sommes toujours pas partis, alors que les frontières ont ouvert il y a quelques semaines… Juste le temps de faire un tout dernier trek et après c’est sûr, nous partons !

Ce dernier trek, c’est celui du Choquequirao, un site inca encore peu connu. Nous ne l’avions pas dans nos plans initiaux, mais nos amis Manu de Cabanaconde et Seppu de Yanque, à force de nous en parler, ont fini par lui faire intégrer la liste de nos envies. Nous avions espéré pouvoir le faire juste après l’Ausangate, mais l’accès au site archéologique était fermé. Par l’intermédiaire de Miguel, un guide spécialiste du Choquequirao, nous avons même tenté d’obtenir des autorisations spéciales en écrivant à deux reprises aux autorités gérant le site. C’était bien avant notre petite opération communication pour le Machu Picchu et nos demandes étaient restées lettres mortes. 

Au retour de notre petite épopée, le même Miguel nous apprend qu’il est possible d’accéder au Choquequirao. Le site est ouvert mais les protocoles Covid n’etant pas encore en place, il a obtenu des autorisations spéciales via ses contacts pour nous faire rentrer. Nous nous laissons convaincre, au moins nous aurons finalement réussi à faire tout ce que nous voulions.

Miguel sera notre guide pour les 4 jours du trek, accompagné d’un cuisinier et de deux muletiers pour le transport du matériel et, si besoin, des personnes. Car le trek du Choquequirao est l’un des plus durs de la région de Cusco, et on comprend vite pourquoi…

Pour une fois, point de départ à 4 h du matin, mais dans l’après-midi pour faire la route et démarrer le lendemain matin… à 5 heures. Après 6 heures de route, dont 2 passées bloqués par des travaux, nous arrivons à la nuit tombée au campement de départ. L’endroit est agréable, nous passons la nuit dans des petites cabanes avec vue sur ce qui nous attend : le canyon d’Apúrimac.

Il vaut mieux être en forme dès la première journée car le trek commence fort, très fort. C’est simple, il faut descendre puis remonter tout le canyon en une journée. La difficulté ne tient pas tant à l’altitude, beaucoup plus basse que pour l’Ausangate, ni à la longueur des étapes, plus courtes qu’au Salkantay, mais au dénivelé. Concrètement, en une seule étape, il faut enchaîner 1 400 mètres de descente, traverser la rivière au fond, puis remonter 1 400 mètres. Une journée d’enfer ou en enfer…

Le canyon a beau être impressionnant, nous regardons davantage nos pieds que le paysage. L’enchaînement de l’interminable descente puis des zig-zags, tout aussi interminables, de la montée est terrible mais nous l’achevons au bout de 9 h 30 de marche. Thomas a profité du cheval pour la montée tandis que Sarah filait devant en nous laissant tous sur place !

Au dîner, Miguel nous explique le déroulement de la journée du lendemain, censée être consacrée à la visite du site du Choquequirao. Une petite remarque de sa part nous surprend : il glisse ne pas savoir combien de temps exactement les gardiens nous laisseront de temps de visite. Tant que nous avons le temps de bien profiter du site…

Malgré la fatigue, la deuxième journée commence de nouveau par un départ à 5 h du matin pour se rendre au site. Du campement, il faut encore marcher près d’une heure et demie avant d’en atteindre l’entrée. 

Après une vingtaine de minutes de marche, nous commençons à comprendre que les choses sont loin d’être aussi claires que nous le pensions. Santos, l’un des muletiers, nous accompagne un peu. Avant de nous laisser avec Miguel, il nous souhaite bonne chance pour rentrer sur le site. Comment ça bonne chance ? Miguel a dit disposer d’une autorisation spéciale, nous ne devrions pas avoir besoin de chance, non ?

Miguel part devant pour régler les choses avec les gardiens du site. Lorsque nous le rejoignons, tout va pour le mieux, le gardien du premier poste de contrôle nous laisse autant de temps que nous voulons sur le site. Encore heureux, Miguel a prévu un retour au campement vers 17 h.

Nous débutons donc la petite ascension vers la partie principale rassurés… jusqu’à l’arrivée au second point de contrôle. Là, nous tombons sur une porte grillagée cadenassée surveillée par deux gardiens et leur chien. L’ambiance est beaucoup moins accueillante, on nous oppose un ferme refus d’entrer car le site est fermé ! Ah… Les doutes ressentis ont fini par se confirmer, Miguel n’a pas tout à fait présenté les choses conformément à la réalité. En fait, le site n’était pas encore ouvert et il n’a aucune autorisation particulière pour nous. Il réussit tout de même à parlementer et évoque notamment l’article qui nous a été consacré dans la presse. La porte s’ouvre, ils nous font la « faveur » de nous laisser visiter la place principale du site, pas davantage, et qui plus est gentiment escortés par nos deux gardes-chiourmes… En moins d’une heure, la visite est terminée, nous avons vu à peine 10 % du site, et nous sommes raccompagnés vers la sortie. Tous ces efforts pour ça, nous l’avons bien en travers…

De ce fait, nous ne savons pas vraiment quoi en penser du Choquequirao. Certains disent qu’il est le frère du Machu Picchu, voire son grand-frère étant donné sa superficie évaluée. Il faut savoir que seuls 30 % du site ont été nettoyés, le reste étant toujours recouvert par la végétation. Une chose est sûre, il a un grand potentiel car les terrasses quasi en apesanteur révélées sur le flanc du canyon donnent une idée de l’ensemble si elles étaient toutes apparentes. Il reste que nous n’avons pas pu accéder à la partie supérieure ni aux terrasses ornementées de dessins de lamas, nous restons donc forcément sur notre faim.

Une fois sortis, nous n’avions plus qu’une envie : finir le trek et retourner à Cusco. Nous avons donc imposé le rythme de retour. Pas question de perdre de temps, nous demandons à commencer la redescente dès l’après-midi pour alléger au maximum le troisième jour qui sera consacré à la remontée.

Probablement dopés par la rancœur vis-à-vis de Miguel, nous parvenons à terminer la descente et à enchaîner la remontée des 1 400 mètres de dénivelé jusqu’au campement de départ sur le seul troisième jour. Bref, pas du tout ce qu’il avait prévu. Au moins, nous avons toute la matinée du 4ème jour pour nous reposer et attendre la voiture de retour.

Au-delà de la déception liée à la visite du site, le trek s’est heureusement bien passé et tant le cuisinier que les muletiers ont été irréprochables, particulièrement Santos qui s’est révélé vraiment adorable. Surtout, comment ne pas être fier de la performance physique réalisée par la famille. Thomas, même s’il a effectué la plus grande partie des montées à cheval, a marché l’intégralité des descentes. Véronique, qui craignait beaucoup la difficulté du trek, est montée à peine un quart d’heure sur le cheval. Quant à Sarah, elle a fait la preuve désormais indéniable qu’elle est une randonneuse chevronnée. Capable de ménager son rythme pour tenir sur la durée, elle peut ensuite lâcher les chevaux sur les derniers kilomètres, même en montée, pour vous mettre 5 à 10 minutes dans la vue…

Après ce dernier trek, nous nous reposons quelques jours à Cusco. La ville se réveille presque à vue d’œil : les vendeurs ambulants arpentent de nouveau la place des armes, quelques agences ont réouvert, les touristes, pour l’instant essentiellement péruviens, reviennent petit à petit, et quelques musées rouvrent tout juste leurs portes. Lors de nos tous derniers jours à Cusco, nous profitons d’une excellente visite guidée du musée régional et du Qoricancha.

LE SAVIEZ VOUS?
Ancien site le plus sacré de l’Empire Inca, le Qoricancha, littéralement « l’enceinte d’or » en quechua, a été largement pillé puis rasé par les Espagnols, avant de faire place à un couvent dominicain. Les vestiges de plusieurs temples ont heureusement été retrouvés et mis en valeur. Le lieu constituait le centre d’où rayonnait le système des Ceques, 41 lignes imaginaires qui parcouraient les 4 parties du Tahuantinsuyu, le territoire impérial, et le long desquelles étaient disséminées 328 huacas.

Il est désormais temps pour nous de nous envoler vers d’autres cieux à l’approche du premier anniversaire de notre voyage. Il ne nous reste plus qu’à choisir la destination ; une qui accepte les touristes, qui est dans la liste des pays accessibles depuis Lima, et surtout que nous n’avions pas du tout prévu de faire. Un nouveau voyage commence…

Prochaine étape : C’est pas le Pérou !

LES BONS PLANS DES 8 PIEDS :

Le trek du Choquequiro se fait en 4 jours (2 allers, 2 retours) en traversant le canyon de l’Apurimac. Si vous êtes prêt à porter votre nourriture et tente (bon courage !!!) alors vous pouvez envisager de le faire sans guide, puisqu’il n’y a qu’un chemin. Impossible de se perdre. Ou éventuellement ne prendre qu’un muletier. Mais visiter un site inca sans l’explication d’un guide, c’est tout de même dommage…
Le trek peut aussi se faire sur 8 jours. Il s’agit alors d’un aller simple combo Choquequirao+Machu Picchu.

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